Tuesday, September 30, 2008

VIVE LES FEMMES!

Le cinéma français serait-il en train d’être sauvé par les femmes ?
J’ai récemment écrit une chronique pour Phénix Mag sur la nouvelle vague du cinéma hexagonal, celle des doués de la caméra, nourris à Mad Movies, louchant sur Hollywood, filmant avec virtuosité des scripts qu’ils ont écrit avec leurs pieds.
Je suis attiré par le fantastique et l’horreur, aussi indispensables à l’imaginaire que les fées et la sorcière dans Cendrillon. Mais il faut que cela soit intelligent comme chez Night Shyamalan, John Carpenter, Alfred Hitchcock, Jaume Balaguero, Roman Polanski, Hideo Nakata, William Friedkin… Sous influence, les Frenchies, eux, n’influencent personne. Et leur cinéma s’appauvrit à force de reprendre des recettes.
Il faut donc se tourner vers ceux qui créent sur des plates-bandes différentes de celles déjà défrichées par les grands réalisateurs. Je pense à deux artistes. Deux femmes. Elles s’appellent Agnès Jaoui et Josiane Balasko. D’où ce cri du cœur à la Raiser, qui fait le titre de cette rubrique.
Le terrain d’Agnès Jaoui et de Josiane Balasko n’est pas le fantastique, c’est le réalisme. Leur engrais n’est pas l’horreur, c’est l’humour. Mais c’est le même combat. Car faire rire et faire peur au cinéma, c’est ce qu’il y a de plus difficile.

« Parlez-moi de la pluie » est aussi agréable que l’odeur de la campagne après une ondée. On en ressort avec une sensation de bien-être et l’envie d’aimer son prochain. Du moins, avec la volonté de réviser notre vision sur les autres. On est un peu déboussolé comme toujours chez Jaoui, car on ne sait pas comment vont réagir les personnages. Ceux-ci sont subjectifs, au sens kirkegaardien du terme, c’est-à-dire qu’ils ne sont enfermés dans aucun système existentiel. Ce n’est pas pour rien que le film cite le philosophe. Et faire rire avec Kirkegaard, c’est du grand art.
Pas de caricature donc, pas de grossissement du trait, pas de caractérisation grossière, pas de stéréotype, propice à l’esclaffement. Jaoui ne juge pas. Et nous non plus, car cela reviendrait à nous juger nous-mêmes. L’humour, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri vont le chercher dans la vérité de la nature humaine.
Chez eux, les personnages sont au deuxième stade de l’existence, c’est-à-dire au stade éthique, entre esthétique et religieux. Vivre au stade éthique, c’est mettre de la continuité dans son existence, accepter les responsabilités envers soi-même et les autres. En voulant ce qui leur arrive, les individus Jaouiens sont libres. Ils vont jusqu’au bout. En cela, ils sont des héros. Impossible de les étiqueter, puisqu’ils sont en devenir. Du coup chacun d’eux est une interrogation, un enjeu, un suspense à lui tout seul.
Jaoui-Bacri ne passent pas au troisième stade, celui du religieux qui donne une justification à la souffrance. Se bornant aux limites du stade éthique, leurs personnages privilégient le devoir envers un enfant ou un ami sur le devoir envers Dieu. Faute de justification à leur souffrance, ils ne sont pas en paix.
Certains grincheux diront qu’Agnès Jaoui se répète un peu. Reprochait-on à Mozart, à Hitchcock ou à Simenon de se répéter ? Ne confond-on pas style et répétition ?
Si « Parlez-moi de la pluie » n’est pas aussi abouti que les deux premiers chef-d’œuvre d’Agnès Jaoui (« Le goût des autres » et « Comme une image ») il n’en demeure pas moins le meilleur film français de l’année, après «Cliente».

« Cliente » est aussi jouissif qu’un après-midi coquin sous la couette.
Josianne Balasko se plait à enfoncer les derniers tabous, sur le registre « Toutes les formes d’amour sont possibles ». Après l’homosexualité féminine abordée avec « Gazon maudit », elle s’attaque à l’amour chez la femme de plus de cinquante ans, sujet déjà évoqué dans son roman « Parano Express » et développé dans « Cliente » en même temps que celui de la prostitution masculine. On comprend que les chaines de télé et les producteurs coincés n’aient pas kiffé devant le sujet, eux qui ont l’habitude de s’adresser à la ménagère de moins de cinquante ans. Josiane Balasko s’est donc tournée vers de jeunes producteurs libérés qui lui ont permis de filmer toutes les formes d’amour, avec un grand A, avec un petit jeune, avec un gros chèque, avec un Apache épais, avec une bobo ou une prolo.
A priori je suis pas client du thème de « Cliente ». Mais Josiane pourrait filmer le trou de la sécu ou les amours de Ségolène Royal que cela me passionnerait. Bon sang, qu’est-ce que c’est bien écrit, bien dialogué, bien joué, bien filmé ! Josiane Balasko a le chic pour rapprocher les contraires et les frotter tels deux silex pour en faire jaillir l’étincelle et alimenter la flamme. Bourgeois et prolétaires, jeunes et vieux, solitude et promiscuité, chanson à l’eau de rose et rap se percutent pour le meilleur et pour le pire. En filmant aux frontières de ces mondes parallèles, elle en souligne les fragilités et les limites. Et tout ça dans l’humour, la poésie et l’émotion. Quant aux répliques, c’est du petit lait. Des exemples pour vous faire saliver ?

Je suis protégée par mes certitudes et rassurée par mon carnet de chèque.
J’ai la tête de celle qui est en train de se faire larguer, pas de celle qu’on aime.
Dans dix ans, ce sera comment de se taper des minets ?… Plus cher.
Je paye que pour le plaisir. J’ai suffisamment payé pour le reste.
Quel âge as-tu ?… On ne demande pas l’âge d’une femme de 51 ans.


A l’issue de la projection, j’ai eu la chance de m’entretenir avec Josiane Balasko qui m’a présenté son mari, George Aguilar, l’interprète de Jim dans le film, un indien Apache taillé dans la roche du Canyon de Chelly. Josiane, qui me fait l’honneur d’être une de mes lectrices, s’émerveillait de la quantité d’informations et de documentation que je devais amasser pour préparer mes romans. Humblement, elle me confiait que ses sujets de mœurs ne nécessitaient pas de telles recherches. A ce moment, j’ai pensé à l’anecdote que l’on raconte sur Picasso. Le célèbre peintre dînait dans un restaurant lorsqu’une personne lui demanda de lui dessiner un petit truc sur la nappe. Picasso s’exécuta et demanda une somme que la personne jugea faramineuse. « Cela ne vous a pris que 5 minutes » protesta cette dernière. Ce à quoi Picasso répondit : « 5 minutes plus 80 ans ».
Josiane Balasko passe peut-être moins de temps que moi à se documenter sur le sujet de ses films, mais il faut ajouter à ce temps plus de 50 ans de talent. En tout cas je la remercie de m’en avoir consacré un peu du sien et de m’en avoir offert du bon pendant deux heures!

Pour conclure, je dirai que derrière le visage renfrogné d’Agnès Jaoui, le regard bougon de Jean-Pierre Bacri, la fragilité de Jamel Debouzze, derrière le beau visage lifté de Nathalie Baye et l’air revêche et malicieux de Josiane Balasko, on assiste à une bonne leçon d’humanité et de tolérance. « Parlez-moi de la pluie » et « Cliente » m’ont déconditionné de tous les personnages stéréotypés qui ont envahi le cinéma et la littérature.
Allez-y, vous ressortirez de la projection avec une envie de vous débarrasser de vos préjugés, de foutre à la poubelle votre jugement sur les autres, et une fringale de tolérance que nous avons perdue à force d’étiqueter les gens. La morale de ces deux contes, car ce sont aussi des contes, c’est qu’en derrière un con, il y a quelqu’un de bien. Et vice-versa.

Sunday, September 28, 2008

PAUL NEWMAN IS NOT DEAD



Un mythe ne meurt pas. Marilyn et Lennon sont toujours vivants. Bien plus que ne le sont Nicole Kidman ou Julio Iglesias. Le temps n’a d’emprise que sur les enveloppes charnelles. Celles-ci s’abiment, s’étiolent, s’étirent sous les bistouris et disparaissent. Durant un certain temps, ces emballages nous font rêver. Ils contribuent certes à la légende. Mais derrière les blondeurs, les yeux bleus, les parangons de beauté, les mensurations paradigmiques, brillent parfois de belles âmes. Ce sont elles qui font la différence entre une figure mythique et le commun des mortels.
Paul Newman était de ces élus.
D’une beauté canonique, l’homme avait du génie, façonné sur les planches de l’Actor’s Studio. Méthode : puiser en soi pour faire exister un personnage. En Paul Newman, il y avait un cœur énorme, un esprit brillant et deux sens rares qui venaient s'ajouter aux cinq autres: celui de la rébellion et de la dérision. Cela se trahissait par un scintillement dans le regard et un sourire. Le sourire. Voilà ce qui le distinguait des autres grands de sa génération, McQueen et Brando en tête.
Les rôles qu’il alignait, à la vie comme à l’écran, Newman semblait les endosser avec la facilité d’un surdoué indiscipliné s’amusant dans une cour de récré, que ce soit pour monter sur le podium des 24 heures du Mans ou pour refuser d’aller chercher son Oscar, que ce soit pour inventer une vinaigrette miracle ou distribuer des dizaines de millions de dollars aux enfants défavorisés.
Alors normal qu’il devînt le meilleur acteur du monde. Toujours border line. De prince des arnaqueurs à roi de l’évasion en passant par braqueur de banques ou détective à la cool, il se foutait de l’autorité, jamais des spectateurs. Il s’excusait même auprès de ce public par voie de presse lorsqu’un de ses mauvais films était rediffusé à la télévision.
Paul Newman disait : « Ou bien on tire les ficelles, ou bien on essaie de s’en débarrasser ».
Depuis samedi, il s’en est définitivement débarrassé.

PS Je rentre de la manifestation Polar à Drap qui s'est tenue ce week-end dans le Sud. Un véritable petit pavé dans la mare de la rentrée littéraire, organisé par une mairie passionnée et sans complexe, et mise en rock par les Shorties. J'y ai retrouvé avec beaucoup de plaisir la croqueuse de prix Catherine Fradier, Corinne et Jacques de la Noir'Rôde toujours là pour veiller au grain noir, Jérome Dugast de la librairie Masséna et beaucoup d'autres encore, Olivier, Pierre, Serge... J'y ai également découvert de nouveaux talents, ça sert aussi à ça un salon. Parmi eux, Eric Roux, auteur de "Traits Portraits", magnifique album dans lequel cet illustrateur doué a dessiné 30 acteurs de légende (à quand les actrices Eric?), mis en texte par Guillaume Besnier. C'est dans cet ouvrage que j'ai piqué la caricature (à découvrir dans son intégralité page 52) ci-dessus. Eric était en train de me dédicacer son livre samedi quand j'ai appris la disparition de Paul Newman.
Si vous voulez en savoir plus sur "Traits Portraits"
  • Eric Roux

  • Les Editions de l'Antre
  • Wednesday, September 24, 2008

    GRAND PRIX DE LITTERATURE POLICIERE 2008

    And the winners are:

    Le Grand Prix de Littérature Policière – Français 2008 a été attribué à
    Caryl Férey pour ZULU (Gallimard)


    Le Grand Prix de Littérature Policière – Etranger 2008 a été attribué à Camilla Läckberg pour LA PRINCESSE DES GLACES (Actes sud)


    Cette année, c'est donc la nouvelle génération (Caryl et Camilla ont respectivement 41 et 34 ans) qui a été récompensée. Deux noms à ajouter aux tableaux d'honneur que je vous ai communiqués dans ma chronique précédente.
    Pour ceux qui ne seraient pas d'accord avec ce palmarès, je citerai les deux ouvrages qui ont menacé les lauréats:
    LE NOIR QUI MARCHE A PIED de Louis-Ferdinand Despreez (Phébus)
    et
    LA GRIFFE DU CHIEN de Don Winslow (Fayard Noir).
    Chacun se fera ainsi son opinion.

    Monday, September 22, 2008

    LE DERNIER MERCREDI

    Le Grand prix de littérature policière 2008 va être décerné mercredi 24 septembre.

    Fondé en 1948 afin de récompenser un roman policier français et un étranger publiés entre juin de l’année précédente et juin de l’année en cours, ce prix est le plus prestigieux dans le domaine du roman policier. Il est décerné à Paris dans les locaux de la BILIPO (Bibliothèque des Littératures Policières), temple du genre.

    Le jury comprend huit membres permanents, indépendants des maisons d’éditions et des compromissions. Le lauréat français de chaque année est invité à en faire partie pour l’édition suivante et à devenir le neuvième juré. C’est ainsi qu’après avoir reçu le Grand Prix 2005, j’ai intégré l’équipe. J’y suis resté depuis, à la suite de la démission de l’un des jurés que j'ai eu le privilège de remplacer. Cette année, DOA, lauréat 2007, nous a donc rejoint.

    Une réunion de présélection a lieu le dernier mercredi de juin au cours de laquelle, chacun propose les ouvrages de son choix (trois titres au maximum par catégorie française et étrangère). L’été est consacré à la lecture de tous les ouvrages présélectionnés. Cette année, la liste de prélection comprenait 11 romans français et 20 étrangers.

    Une deuxième réunion a lieu le dernier mercredi de septembre pour effectuer la sélection finale. La bataille s’engage, les délibérations sont parfois tumultueuses, le vote se fait à main levée, l’élection à la majorité absolue. Le Grand Prix ne peut être attribué à 2 romans ex-aequo, ni deux fois au même auteur. Il s’agit de couronner un talent, qu’il soit confirmé ou pas. Mon choix est fait pour 2008. Il reste à le confronter aux huit autres jurés.

    En attendant de connaître les lauréats 2008, voici la liste des romans français et étrangers qui ont été récompensés depuis 1948.

    GRANDS PRIX FRANÇAIS
    1948 - MALET (Léo) - Le Cinquième procédé - S.E.P.E.
    1949 - SORENSEN (Odette) - La Parole est au mort - Portulan
    1950 - VERAN (Géo-Charles) - Jeux pour mourir - Portulan
    1951 - DECREST (Jacques et Germaine) - Fumée sans feu - Flore
    1952 - PILJEAN (André) - Passons la monnaie - Gallimard
    1953 - CONTY (Jean-Pierre) - Opération Odyssée - Porte Saint-Martin
    1954 - BRIGNEAU (François) - La Beauté qui meurt - A. Martel
    1955 - MORRIS-DUMOULIN (Gilles) - Assassin mon frère - Presses de la Cité
    1956 - LEBRUN (Michel) - Pleins feux sur Sylvie - Presses de la Cité
    1956 - VENAYRE (Guy) - Les Petites mains de la justice - Denoël
    1957 - DARD (Frédéric) - Le Bourreau pleure - Fleuve noir
    1958 - KASSAK (Fred) - On n'enterre pas le dimanche - Arabesque
    1959 - GERRARD (Paul) - Deuil en rouge - Presses de la Cité
    1960 - MONTEILHET (Hubert) - Les Mantes religieuses - Denoël
    1961 - Non décerné
    1962 - FORQUIN (Pierre) - Le Procès du diable - Denoël
    1963 - JAPRISOT (Sébastien) - Piège pour Cendrillon - Denoël
    1964 - CARNAL (Michel) - La Jeune morte - Fleuve noir
    1965 - DELORY (Marc) - Bateau en Espagne - Denoël
    1966 - ORIOL (Laurence) - L'Interne de service - Denoël
    1967 - ALEM (Jean-Pierre) - Le Crocodile dans l'escalier - Presses de la Cité
    1968 - FABRE (Dominique) - Un beau monstre - Denoël
    1969 - RYCK (Francis) - Drôle de pistolet - Gallimard
    1970 - ANDREOTA (Paul) - Zigzags - Julliard
    1971 - REOUVEN (René) - L'Assassin maladroit - Denoël
    1972 - TANUGI (Gilbert) - Le Canal rouge - Denoël
    1973 - MANCHETTE (Jean-Patrick) - O dingos, ô châteaux - Gallimard
    1974 - DUCHATEAU (André-Paul) - De 5 à 7 avec la mort - Rossel
    1975 - TOUSSAINT (Yvon) - Un incident indépendant de notre volonté - Albin Michel
    1976 - COATMEUR (Jean-François) - Les Sirènes de minuit - Denoël
    1977 - DIABLE (Christopher) - La Plus longue course d'Abraham Coles, chauffeur de taxi - Denoël
    1978 - COUDRAY (Madeleine) - Dénouement avant l'aube - Euredif
    1979 - BIALOT (Joseph) - Le Salon du prêt à saigner - Gallimard
    1980 - ROULET (Dominique) - Le Crime d'Antoine - Denoël
    1981 - SINIAC (Pierre) - Aime le Maudit - J. Goujon
    1981 - SINIAC (Pierre) - L'Unijambiste de la cote 284 - Gallimard
    1981 - SINIAC (Pierre) - Reflets changeants sur mare de sang - Gallimard
    1982 - CABANNES (Jean-Pierre) - L'Audience solennelle - Trévise
    1983 - MAZARIN (Jean) - Collabo song - Fleuve noir
    1984 - BELLETO (René) - Sur la terre comme au ciel - Hachette
    1985 - DAENINCKX (Didier) - Meurtres pour mémoire - Gallimard
    1986 - DELTEIL (Gérard) - N'oubliez pas l'artiste - Fleuve noir
    1986 - GERNIGON (Christian) - La Queue du scorpion - Albin Michel
    1987 - SADOUL (Jacques) - Trois morts au soleil - Rocher
    1988 - DEMURE (Jean-Paul) - Aix abrupto - Gallimard
    1989 - FrançTOPIN (Tito) - Un gros besoin d'amour - Grasset
    1990 - QUINT (Michel) - Billard à l'étage - Calmann-Lévy
    1991 - JAOUEN (Hervé) - Hôpital souterrain - Denoël
    1992 - BENACQUISTA (Tonino) - La Commedia des ratés - Gallimard
    1993 - COUTURIAU (Paul) - Boulevard des ombres - Rocher/CLE
    1994 - FIECHTER (Jean-Jacques) - Tiré à part - Denoël
    1995 - HUET (Philippe) - La Main morte - Albin Michel
    1995 - OPPEL (Jean-Hugues) - Ambernave - Rivages
    1996 - AUBERT (Brigitte) - La Mort des bois - Seuil
    1997 - GARDEBLED (Serge) - Sans homicide fixe - Denoël
    1998 - BENEGUI (Laurent) - La paresse de Dieu - Julliard
    1999 - DESSAINT (Pascal) - Du bruit sous le silence - Rivages
    2000 - CRESPY (Michel) - Chasseurs de têtes - Denoël
    2001 - PECHEROT (Patrick) - Brouillards sur la Butte - Gallimard
    2002 - MARTIN (Laurent) - L'ivresse des Dieux - Gallimard
    2003 - SINOUE (Gilbert) - Les Silences de Dieu - Albin Michel
    2004 - BRAC (Virginie) - Double peine - Fleuve noir
    2005 - LE ROY (Philip) - Le Dernier testament - Au Diable Vauvert
    2006 - FRADIER (Catherine) - La Colère des enfants déchus - Après la lune
    2006 - DOA – Citoyens clandestins – Gallimard/Série Noire


    GRANDS PRIX ÉTRANGERS
    1948 - HART (Frances Noyes) - Le Procès Bellamy - Portulan - The Bellamy trial
    1949 - QUENTIN (Patrick) - Puzzle au Mexique - Presses de la Cité - Puzzle for Pilgrims
    1950 - ALBRAND (Martha) - Les Morts ne parlent plus - Presses de la Cité - After midnight
    1951 - ROGERS (Joël Townsley) - Jeu de massacre - Ditis - The Red right hand
    1952 - MacGERR (Patricia) - Bonnes à tuer - Ditis - Follow as the night
    1953 - HALL (Geoffrey Holiday) - L'Homme de nulle part - Ditis - The End is known
    1953 - MALLEY (Louis) - La Famille Pied-de-Bouc - Gallimard - Horns for the devils
    1954 - IRISH (William) - Un pied dans la tombe - Presses de la Cité - Body in Grant's tomb
    1955 - GILBERT (Michael) - Un mort dans le tunnel - Julliard - Death in captivity
    1956 - HAYES (Joseph) - Terreur dans la maison - Hachette - The Desperate hours
    1956 - WILLIAMS (Charles) - Peau de bananes - Gallimard - Nothing in her way
    1957 - HIGHSMITH (Patricia) - Monsieur Ripley - Calmann-Lévy - The Talented Mr Ripley
    1958 - HIMES (Chester) - La Reine des pommes - Gallimard - The Five corned square
    1959 - DOWNES (Donald) - Bourreau, fais ton métier - Gallimard - Orders to kill
    1960 - STERLING (Thomas) - Le Tricheur de Venise - Trévise - The Evil of the day
    1961 - Non décerné
    1962 - BLANC (Susan) - Feu vert pour la mort - Presses de la Cité - The Green stone
    1963 - SMITH (Shelley) - La Fin des fins - Presses de la Cité - The Ballad of the running man
    1964 - MacDONALD (John Dann) - La Tête sur le billot - Gallimard - A key to the suite
    1965 - FREELING (Nicholas) - Frontière belge - Plon - Gun beefore Butter
    1966 - HALL (Adam) - Berlin Memorandum - Presses de la Cité - The Berlin Memorandum
    1967 - LINDOP (Audrey Erskine) - Comptes à rebours - Stock - I start counting
    1968 - SCERBANENCO (Giorgio) - A tous les rateliers - Plon - Tradittore di tutti
    1969 - CARR (John Dickson) - Hier, vous tuerez - J'ai lu - Fire, burn
    1969 - TEY (Joséphine) - La Fille du temps - Julliard - The Daughter of time
    1970 - SAMARKIS (Antonis) - La Faille - Stock - To Lathos
    1971 - BODELSEN (Anders) - Crime sans châtiment - Stock - Haendeligt Uheld
    1971 - UHNAK (Dorothy) - Le Registre - Presses de la Cité - The Ledger
    1972 - KOENIG (Laird), DIXON (Peter l) - Attention, les enfants regardent - Hachette - The Children are watching
    1973 - CUNNINGHAM (E. V.) - La Poudre aux yeux - Presses de la Cité - Millie
    1974 - ELLIN (Stanley) - Miroir, miroir, dis-moi - Denoël - Mirror, mirror on the wall
    1975 - BOYD (Edward), PARKERS (Roger) - Le Fil rompu - Opta - The Dark number
    1976 - AMBLER (Eric) - Docteur Frigo - Fayard - Doctor Frigo
    1977 - LIEBERMAN (Herbert) - Nécropolis - Seuil - The City of the dead
    1978 - QUEEN (Ellery) - Et le huitième jour... - Pac - And on the eighth day
    1979 - LEM (Stanislas) - Le Rhume - Calmann-Lévy - Katar
    1980 - CLARK (Mary Higgins) - La Nuit du renard - Albin Michel - A stranger is watching
    1981 - VASQUEZ MONTALBAN (Manuel) - Marquises, si vos rivages... - Le Sycomore - Los Mares del sur
    1982 - CROSBY (John) - Le Clou de la saison - Gallimard - Party of the year
    1983 - FORSYTH (Frederick) - Sans bavures - Albin Michel - No comebacks
    1984 - VAN DE WETERING (Janwillem) - Le Massacre du Maine - Fleuve noir - The Maine massacre
    1985 - LOVESEY (Peter) - Trois flics dans un canot - Fleuve noir - Swing, swing together
    1986 - LEONARD (Elmore) - La Loi de la cité - Presses de la Cité - City Primeval
    1987 - HILLERMAN (Tony) - Là où dansent les morts - Rivages - The Dance-all of the dead
    1988 - JAMES (Phillys Dorothy) - Un certain goût pour la mort - Mazarine - A taste for death
    1988 - VACHSS (Andrew) - La Sorcière de Brooklyn - Albin Michel - Strega
    1989 - PRONZINI (Bill) - Hidden valley - Rivages - Hidden valley
    1990 - GEORGE (Elizabeth) - Enquête dans le brouillard - Presses de la Cité - A great deliverance
    1991 - HARRIS (Thomas) - Le Silence des agneaux - Albin Michel - The Silence of the lambs
    1992 - BURKE (James Lee) - Black Cherry blues - Rivages - Black Cherry blues
    1993 - PEREZ REVERTE (Arturo) - Le Tableau du Maître flamand - Lattès - La Tabla de Flandes
    1994 - DIBDIN (Michael) - Cabale - Calmann-Lévy - Cabal
    1995 - PATTERSON (Richard North) - Degré de cupabilité - Albin Michel - Degree of guilt
    1996 - CARR (Caleb) - L'Aliéniste - Presses de la Cité - The Alienist
    1997 - WOODS (Stuart) - Echange mortel - Fallois - Inperfect strangers
    1998 - FYFIELD (Frances) - Un cas de conscience - Presses de la Cité - A clear conscience
    1999 - CONNELLY (Michael) - Créance de sang - Seuil - Blood work
    2000 - AIRTH (Rennie) - Un fleuve de ténèbres - de Fallois - River of darkness
    2001 - ROBINSON (Peter) - Saison sèche - Albin Michel - In a dry season
    2002 - DICKINSON (Peter) - Retour chez les vivants - Rivages - One foot in the grave
    2003 - MEYER (Deon) - Jusqu'au dernier - Seuil - Dead before dying
    2004 - KATZENBACH (John) - L'Analyste - Presses de la Cité - The Analyst
    2005 - RANKIN (Ian) - La Mort dans l'âme - Rocher - Dead souls
    2006 - BEINHART (Larry) – Le Bibliothécaire - Gallimard - The Librarian
    2007 - INDRIDASON (Arnaldur) – La voix - Métailié - Röddin

    Thursday, September 11, 2008

    EST-CE QUE CE MONDE EST SERIEUX?




    - Est-ce que ce monde est sérieux ? chantait Cabrel.
    - Pourquoi rester sérieux ? rétorque aujourd’hui le Joker.
    On peut en effet se poser la question en ce jour de commémoration des attentats du 11 septembre 2001.
    La semaine dernière, un humoriste gravement graveleux a fait écho à une actrice décérébrée, excusez les pléonasmes, en déclarant dans les médias que les avions qui ont percuté le WTC et le Pentagone il y a sept ans étaient en réalité des missiles américains. Le complexe militaro industriel voulait par cette action mercantile se faire encore plus de pognon. L’humoriste est un ami de Sarkozy. Sympa les dîners de cons à l’Elysée.
    Cela me rappelle les accusations d’un autre humoriste, noir et nazi, excusez l’oxymoron, contre Israël et l’Afrique du Sud responsables selon lui d’avoir propagé le sida en Afrique.
    Tous ces gogos gobant les affabulations de journalistes cupides et crapuleux ou d’internautes interlopes prêts à bidouiller grossièrement n’importe quelle vidéo sur Dailymotion, sont les pions du Joker. Des petits clowns néfastes et facétieux. Pour le coup, ils nous font croire à une véritable théorie du complot, celle des cons. Et l’on se met à soupçonner tout le monde.
    Y compris dans les milieux artistiques.
    Ainsi, on cherche à nous fourguer à la pelle les mémoires ou les leçons de vie d’animateurs TV. On cherche à nous vendre le témoignage des aventures du capitaine du Ponant pris en otage avec son équipage au large de la Somalie, libéré grâce au contribuable et publié chez Michel Lafon qui est au monde de l’édition ce que Voici est au monde de la presse. Une star atrabilaire et nombriliste de la littérature, donc télévisuelle, dont tout le monde connaît le nom sans être capable de citer un seul de ses ouvrages, fait abattre des arbres pour narrer son aventure sentimentale avec un benêt de la variété. Un prix Goncourt tête à claque et mou du gland vient d’adapter lui-même l’un de ses livres au cinéma pour imposer des plans séquences aux quelques spectateurs piégés qui visionneront cette immense vacuité onaniste. Une créatrice de mode engagée déclare sur Canal + qu’elle dessine des vêtements tendance non mondialisation capitaliste. Quant à l’artiste le plus cher du monde, il vient de caser ses Rabbits en acier roses et ses homards géants en forme de ballon dans les appartements du château de Versailles.
    Est-ce que ce monde est sérieux ?
    Cela me fait soudain penser que, sur mon site, je me permets de donner quelques conseils aux auteurs en herbe qui cherchent à être publié. Oubliez ce que je vous ai dit et suivez ces quatre règles d’or :
    - Faites de la télé
    - Passer vos vacances en Somalie, en Afghanistan ou en Colombie (liste complète des pays à risques sur le site du gouvernement)
    - Ecrivez sur vous et sur ce qui vous arrive
    - Envoyez un brouillon à Michel Lafon.

    Un vrai humoriste, dont je ne tairai pas le nom cette fois, a dit : « La société de consommation porte mal son nom, car un con ne fait généralement pas de sommation avant de dire une connerie en société ».
    Desproges avait raison.
    Et le Joker a gagné.

    P.S. Si vous voulez être un peu sérieux et éviter les cons ce week-end, allez samedi après-midi au Baz’Art des Mots à Hauterives. Alain Lèze fête le première anniversaire de sa librairie/espace d’art en compagnie d’auteurs de polar. Je ne peux malheureusement pas m’y rendre car je dois assurer une démonstration de viet vo dao à Vence mais si vous êtes dans la région, je vous recommande vivement de vous y arrêter. Allez-y de ma part, Alain vous offrira un verre. Plus d’infos sur son blog
  • Baz'Art des Mots

  • Demain, nettoyez-vous les oreilles avec « Death Magnetic » le nouveau Metallica qui sort après cinq ans de silence. Enfin, si ce n’est pas déjà fait, n’oubliez pas d’aller voir ce week-end « The Dark Knight » le meilleur film de 2008 dont je fais la critique sur Mon Mag.

    Thursday, September 04, 2008

    HOLA


    Me voilà de retour en France, juste à temps pour la rentrée scolaire de ma fille, au terme d'un long périple en Andalousie. Retour à Vence, après une plongée dans une culture située à plus de 1500 kilomètres d'ici, où les sons, les odeurs, les couleurs, les goûts sont bien différents. Preuve, s’il en fallait, que la globalisation supranationale ne peut pas tout uniformiser.

    Ces sensations particulières que je rapporte émailleront sûrement les pages d’un prochain roman.
    Bien que située dans le même fuseau horaire que la France ou la Belgique, l’Espagne vit en décalage. On y dîne à 22h et l’on se couche à l’aube. On dort l’après-midi et on lève les rideaux de fer des boutiques vers 17h. Les odeurs sont celles de l’huile d’olive et des eaux de toilette dont s’aspergent les Andalous, celles des sardines grillées et de la bouse des chevaux qui tirent les calèches à touristes. La stridulation électrique des cigales imite le grésillement des lignes à haute tension, tandis que les véhicules de polices copient le hululement des sirènes américaines. La lumière aveuglante force les paupières à se plisser sur les villages accrochés aux relief des sierras, véritables coulées blanches dégringolant vers les rivages de la Costa Del Sol ou de la Costa Tropical. La chaleur d’août y est celle d’un désert. D’ailleurs, il y en a un, celui de Tabernas, le seul de ce type en Europe, jadis foulé par Clint Eastwood et qui servit de décor aux chefs-d’œuvre de Sergio Leone. Villes et villages se recroquevillent sous la chaleur sèche et écrasante, faisant naître la fraîcheur dans la pénombre des ruelles étroites ou la faisant jaillir du son cristallin des fontaines qui ornent les patios. La cuisine y est une ronde joyeuse. J’ai encore sur le palais la saveur des tapas arrosés de bière San Miguel, poivrons grillés, mérou à la plancha, beignets de calamars, aubergines frites, solemillo au whisky…

    N’étant pas un amateur de traditions, encore moins de tauromachie ou de flamenco, je me suis penché sur l’histoire d'Al-Andalous, sacrément riche. Une histoire qui donne des leçons. Au huitième siècle, les taliban n’existaient pas, ni Paris-Match pour leur servir d'attaché de presse, et la civilisation musulmane fit de l’Andalousie la région la plus florissante, la plus dynamique, la plus raffinée de l’Occident, au point d’instaurer un califat à Cordoue. « La merveilleuse civilisation Maure d’Espagne » écrivit Nietzsche. C’était il y a bien longtemps comme on dit dans les contes. C’était avant la conquête de l’Andalousie par les rois catholiques, avant l’inquisition forcenée, avant l’islamisation rampante.
    Si vous allez à Grenade et craignez les hordes de fantassins en pantacourts armés d'appareils numériques et lancés en formations serrées à l’assaut de l’Alhambra, voici un petit conseil : montez dans la quartier de l’Albaicin, véritable cœur de Grenade, jusqu’à la place San Nicolas et entrez dans le jardin de la Mezquita Maya. Vous y serez probablement seul, avec la plus belle vue sur l’Alhambra et le Generalife.

    Au cours de mon périple, mes yeux se posaient parfois sur la une d’un quotidien français coincé dans un tourniquet de marchands de journaux. On y parlait de rentrée littéraire, photos de Nothomb et d’Angot à l’appui. Cela ne m’a pas donné envie de rentrer. J’ai relu Manuel Vazquez Montalban à l’ombre d’un oranger. J’étais bien.